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Stade Français U19 : Une saison en enfer

Publié par Théo Duchet sur 20 Mars 2016, 21:00pm

Catégories : #Amateur

Stade Français U19 : Une saison en enfer

À six journées de la fin du championnat de deuxième division du district des Hauts-de-Seine (qui en compte trois plus une d'excellence) et à la suite d'une énième défaite, je décide de vous compter l'histoire de la saison la plus compliquée que j'ai connue en sept années de football.

"Est-ce qu'on est onze dimanche ?", "les gars, aujourd'hui on va jouer en 4-3-2", "coach, lui il m'a dit qu'il ne venait pas"... Ces phrases, tous les footballeurs amateurs de district les ont forcément entendues, souvent en début de saison, avant les vacances ou en plein hiver. Au Stade Français, depuis le passage sur grand terrain et à onze joueurs en U15 (Under 15, moins de 15 ans), ces "galères" m'arrivaient de temps en temps, ce qui offrait des matchs assez atypiques avec des coéquipiers souvent transcendés par l'optique d'un bel exploit, offrant de formidables effusions de joies dans les vestiaires. Mais cette saison, pour les jeunes de l'équipe U19 du Stade Français, les dimanches s'enchaînent et le même scénario se reproduit inlassablement : évoluer en infériorité numérique est devenu une habitude, aligner onze joueurs est un soulagement et avoir un ou plusieurs remplaçants est un luxe. Et la défaite est toujours au rendez-vous, humiliante la plupart du temps, frustrante dans les autres cas.

Après avoir arrêté le football en club suite à la saison 2013-2014, j'ai décidé de revenir au Stade Français début septembre 2015 en apprenant que les moins de 19 ans avaient besoin d'un gardien de but (poste auquel j'ai toujours joué) en urgence suite à leur défaite 6-1 à Sèvres lors de la 1ère journée. Ainsi je reprenais une licence dans le seul club que j'ai connu en six années de football. J'y retrouvais l'ambiance conviviale et joueuse du club, et bien évidemment sa pelouse du Haras Lupin à Vaucresson, véritable "champ de patates", qui est certainement la pire du district du 92 (ne lui ayant jamais découvert une concurrente à sa hauteur), sabordant une bonne partie des exercices techniques et devant le but. La piètre qualité de cette pelouse a poussé le club, il y 3 ans, à faire jouer ses équipes sur les terrains du Parc des sports du Pré St-Jean à St-Cloud, où l'on y trouve un gazon synthétique ainsi qu'une pelouse bien entretenue.

Je me suis rapidement rendu compte que la saison allait être très difficile, le match suivant mon arrivée était d'une grande importance puisqu'il s'agissait du premier tour de la Coupe Gambardella (Coupe de France des U19), mais n'ayant pas ma licence et l'équipe comptant deux joueurs U20 non éligibles pour cette compétition, nous avons dû déclarer forfait car le coach n'avait pas assez de joueurs à disposition. Puis, malgré un match nul (2-2) plein d'espoir contre Vanves après avoir été menés 2 buts à 0 à la mi-temps, nous avons subi la désillusion d'être élimés pas une équipe de division inférieure en Coupe des Hauts-de-Seine : l'A.S. Bourg La Reine. La défaite (2-1) fut d'autant plus frustrante car avec des remplaçants sur le banc, nous n'avions pas joué à notre niveau, en plus d'avoir raté un penalty à quelques minutes du terme qui nous aurait permis de disputer une séance de tirs au but.

Cette bévue n'était rien à côté du camouflet vécu la semaine suivante. Le 18 octobre, nous nous sommes présentés à la Garenne Colombes avec seulement huit joueurs. La faute aux désistements de trois joueurs la veille et le matin même du jour du match. Bien évidemment, le match fut un calvaire, nos adversaires disposant d'un groupe complet (11 joueurs de champ plus 3 remplaçants). Menés 6-0 après environ trente minutes de jeu, nous avons choisi de faire croire à la blessure de l'un de nous afin que le match soit arrêté (une équipe ne peut jouer avec moins de huit joueurs sur le terrain)... première humiliation d'une longue série. Après la trêve imposée par les vacances de la Toussaint, nous avons de nouveau concédé une défaite évitable 3 buts à 1 contre Ararat Issy le 8 novembre. Malgré un groupe enfin complet, nous n'avions pas su convertir notre domination puis notre supériorité numérique en victoire et nous avions même raté un nouveau penalty qui pouvait nous faire revenir à 2-1 à environ vingt minutes de la fin du match.

En parallèle de ce début de saison calamiteux, les entraînements, notamment ceux du vendredi soir (le premier étant le mercredi), attiraient de moins en moins de joueurs. Nous étions contraints de s'entraîner à 6 en moyenne dans des conditions climatiques de plus en plus difficiles rendant le terrain encore plus difficile à appréhender. Nous nous sommes même entraînés sur le terrain de la section rugby amateure du club qui s'apparentait plus à un champ de boue qu'à une pelouse. De plus, nous attendions impatiemment la licence d'un joueur présent depuis le début de la saison à l'entraînement mais dont les pièces d'identité ne sont jamais arrivées. Cet attaquant, arrivé d'Allemagne pendant l'été, aurait pu nous apporter un impact physique et technique dont l'équipe avait et a encore bien besoin. Malheureusement il n'a pas obtenu de licence et nous n'avons pas eu la chance d'obtenir son renfort. La malchance ne nous quittait pas puisqu'un de nos attaquants a décidé de quitter le groupe sans nous en donner la raison. Au-dessus de tout ça, l'entraîneur de l'équipe U17 refusait catégoriquement de surclasser ses joueurs en deuxième année alors qu'il disposait d'un immense effectif avec l'équipe 2 derrière. Il avait tellement de licenciés à disposition que certains restaient à la maison le week-end au lieu de jouer avec le deuxième groupe. Ce comportement nous irritait au plus au point et les dirigeants, voyant ses bons résultats (bien lancé course au titre de la troisième division de district), ne semblaient pas enclin à nous aider.

C'est alors que la seule éclaircie de cette sombre saison est apparue. Elle fut aussi courte que belle, deux matchs d'euphorie où tout nous réussissait et pendant lesquels nous marquâmes 12 de nos 22 buts en championnat. Le premier acte eu lieu le 22 novembre contre la JSC Nanterre, partie disputée exceptionnellement sur notre terrain du Haras Lupin. Face à des joueurs plus concentrés à passer leurs nerfs contre la pelouse nous nous imposions 8 buts à 1, après avoir mené 5-0 à la mi-temps. Le second acte de cette embellie se déroula contre l'équipe 2 de Plessis Robinson, une semaine plus tard. Contre ces concurrents directs au maintien nous réalisions un match presque parfait. "Presque" à cause de l'expulsion en fin de match de notre n°5 alors que nous menions 4-0. Extrêmement énervé après avoir pris un coup, mon défenseur central a perdu son sang froid et s'est fait vengeance tout seul en assénant un tacle assassin au joueur qui lui avait fait mal. Logiquement, cet élément important de l'effectif prit un carton rouge directement et trois matchs de suspension. Nous finissions le match sur une victoire 4 à 1 mais la fête était gâchée par ce geste insensé, l'ambiance était morose dans le vestiaire, comme si mes coéquipiers savaient déjà que ce match était la fin de cette période de joie si courte et intense.

Depuis ? 10 matchs, 10 défaites, 6 buts marqués et 56 buts concédés (dont 5 à cause d'un forfait)... l'enfer. Cette longue agonie a commencé le 6 décembre à Fontenay Roses. Notre n°5 était donc suspendu suite à son geste lors du week-end précédent et un ou deux joueurs étaient absents. À neuf contre une équipe complète nous avions décidé de faire le match en entier afin de faire réagir les dirigeants par rapport à notre situation et contraindre le coach des U17 de nous prêter des joueurs lorsqu'on en avait besoin. Sans surprise le match fut un véritable supplice qui se termina sur le score humiliant de 13 buts à 0... la plus grosse déroute de ma vie. Cet événement avait malgré tout eu le mérite de faire comprendre à l'entraîneur des U17 que nous avions besoin de joueurs en renfort le dimanche. Mais même avec leur apport nous avons continué de nous enfoncer dimanche après dimanche, nous avons même perdu notre arrière droit et capitaine, blessé au coude, le week-end suivant le 13-0 lors d'une défaite 4 à 0 contre Chaville. Nous étions aussi contraint de déclarer forfait avant les vacances de Noël contre le leader Suresnes. La descente aux enfer se poursuivait un match après le retour de suspension de notre n°5 : dans les toutes dernières secondes de notre défaite 5 à 0 contre Sèvres le 24 janvier, notre n°4, compère de défense centrale du revenant, se voyait pris au milieu d'une bagarre suite un geste d'énervement à l'encontre de l'un de ses opposants. Au final, les deux protagonistes à l'origine de cette altercation prenaient un carton rouge chacun. Notre coéquipier expulsé se voyant attribuer cinq matchs de suspension qui ont pris fin aujourd'hui après le match contre Suresnes. De plus, son père, qui était notre arbitre de touche comme à chaque match depuis le début de la saison, voyant son fils attaqué de toute part, s'est engagé au centre de l'échauffourée ce qui lui a valu l'interdiction d'exercer son rôle de dirigeant bénévole sur le bord du terrain pendant un an. Il a ainsi déclaré à chaud "être dégouté du football". La lourdeur de la suspension est en grande partie dû à l'arbitre du match qui a déclaré, lors de la commission de discipline des joueurs impliqués, que notre arbitre de touche avait asséné un coup de poing à un adversaire alors qu'il l'avait poussé et non frappé.

Pendant cette interminable décadence nous avons accueilli six renforts, mais deux d'entre eux ont rapidement quitté le navire après 2-3 matchs, désespérés par l'immense mission qui attendait l'équipe pour se sauver de la relégation. Comble de la situation, l'un de ces nouveaux joueurs, défenseur central ou latéral, s'est blessé dès son premier match contre Sèvres. Cette blessure ne lui permis d'assurer qu'une place précaire pour les deux matchs suivants. Et un autre nouveau ne pouvait venir aux matchs avant 15h à cause d'un job qu'il occupe le dimanche matin. Nos matchs étant tous à 13h il fallait donc compter sur un geste du district pour pouvoir décaler le match, ce qui n'est possible que pour les parties à domicile. Au pic de cette détresse hebdomadaire nous nous sommes déplacés à Vanves avec seulement dix joueurs dont un U17. Après une première mi-temps catastrophique où nous avons encaissé huit buts sans pouvoir en marquer un seul, nous avons pris la décision de faire croire à la blessure de trois de nos joueurs de champ afin de faire stopper le match comme face à la Garenne Colombes (le 18 octobre). Peu avant cette énième humiliation, un autre joueur, éreinté par le terrible enchaînement des défaites, avait décidé de sortir de l'équipe.

Aujourd'hui, trois nouvelles défaites plus tard, nous avons encore perdu. Défaite hautement frustrante puisque nous avons réussi à faire déjouer les premiers du championnat, la JS Suresnes. Mais trois erreurs de ma part dans les buts (à 0-0, 2-3 et 2-4) et une erreur d'arbitrage leur ont permis de s'imposer 6 buts à 2, alors que étions revenus à 2-2 après avoir été menés 1-0 puis 2-1. Demain nous serons donc à neuf, dix ou onze points du premier non relégable, et cela en fonction du résultat de Plessis Robinson FC 2 - Jsc Nanterre, opposition entre les deux dernières formations devant nous au classement (la division compte douze équipes, les deux premières montent et les deux dernières descendent). Il reste désormais six matchs à disputer avant la fin de la saison. La victoire étant à 4 points, le match nul à 2 points et la défaite à 1 point (0 unité si forfait), l'espoir du maintien est encore présent. Mais avec un effectif toujours diminué et jamais au complet aux entraînements, des joueurs de plus en plus écœurés au fil des matchs et la réussite nous fuyant dans nos temps forts, l'objectif sera très difficile à atteindre. Malgré tout l'optique des retours de notre n°4 et peut-être celui de notre arrière droit pourrait donner un nouveau souffle au groupe et nous aider à éviter la descente.

Au cours de cette terrible saison, le plus dur est de trouver la volonté de continuer de venir aux entraînements et aux matchs alors qu'on a l'impression que le sort s'acharne sur nous tous les week-ends à coup d'absence de joueur, d'occasions de buts ratées, d'erreurs personnelles et d'arbitrage... Bien que leur passion pour le football n'a pas été remise en cause, plusieurs joueurs se sont déclarés "dégoûtés" par les événements, songeant notamment à quitter l'équipe en pleine saison, ce que quatre coéquipiers ont fait. Se dire que tout cela reste du football amateur en avant-dernière division de district et que nous n'avons jamais pu tenir un effectif complet depuis le début de la saison, c'est peut-être ce que l'on devrait faire. Mais comme tout footballeur, l'âme de compétiteur finit par prendre le dessus, la déception est omniprésente et le moral chute match après match. Désormais il est important de donner le meilleur de nous même lors de chacune des six journées restantes, dans un premier temps afin de faire preuve de respect envers notre entraîneur, toujours présent pour nous tout au long de l'année, puis pour avoir le moins de regret possible au terme de cette infernale saison.

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